Le jour où Franck tient enfin sa promesse d’écrire un roman, il est difficile de ne pas y mettre beaucoup de lui-même – et de ses proches. Sous sa plume, Michaël, un brillant acteur, devient Misha – tout aussi incandescent que l’original, mais à la façon d’un astre noir. Julie, l’intransigeante confidente de toujours, prend les traits de Julianne, une militante LGBT obstinée. Gaby, compagnon de route aussi futile qu’attachant, se transforme en Jean-Gabriel, travesti cynique et manipulateur. Quant à Franklin, le double de Franck, il sera lui aussi auteur, bien entendu. Et c’est ainsi que prennent vie à leur tour Francis, Jean-Michel, Juliette et Gabin, personnages d’une pièce que Franklin imagine pour sa bande de comédiens.
     Trois époques, trois narrations étroitement mêlées. L’histoire est éternelle et peut-être banale : deux hommes se rencontrent, s’aiment éperdument, se quittent ; mais elle n’est pourtant jamais la même. Au fur et à mesure que l’écriture accouche sur scène, les répliques se répliquent, comme dans un miroir déformant. Souvent avec ironie et jubilation. Tragiquement parfois. En proie à des sensations de déjà-vu de plus en plus obsédantes, les protagonistes se retrouvent prisonniers d’un théâtre dans le théâtre dont ils ne parviennent pas à trouver l’issue, ne sachant plus qui est la créature de l’autre.